La spiruline, qu’est-ce que c’est ?

spiruline définition

La spiruline est un micro-organisme aquatique apparu il y a trois milliards et demi d’années. Longue d’un dixième de millimètre, elle a la forme d’une spirale, ce qui lui a valu d’être baptisée spiruline.

Son nom scientifique est arthrospira platensis, mais on l’appelle également « l’algue bleue », « l’algue bleu-vert », ou « l’algue arc-en-ciel », expressions qui font chacune référence aux différents pigments qui la composent : le bleu de la phycocyanine, le vert de la chlorophylle, le rouge orangé du bêta-carotène, ou encore le violet de la porphyrine.

Si on la présente par commodité comme une algue, la spiruline appartient en fait à la famille des cyanophycées, qui font partie des plus anciens êtres vivants. En se mettant à produire de l’oxygène au moyen de la photosynthèse, les cyanophycées ont permis l’apparition sur Terre d’une vie animale et végétale.

La spiruline est d’ailleurs à la limite de ces deux règnes : comme les végétaux, elle croît grâce à la photosynthèse et contient de la chlorophylle, mais contrairement à eux, ses membranes cellulaires ne contiennent pas de cellulose, ce qui la rapproche des animaux.

Cette particularité rend sa digestion très facile, car chacune de ses cellules éclate immédiatement au contact des sucs gastriques, permettant un accès aisé aux minéraux, oligo-éléments, acides aminés, etc…

La spiruline n’est pas un organisme marin : elle vit en eau légèrement salée, alcaline, et très chaude (de 30 à 40°). On la trouve à l’état naturel dans certains lacs de la ceinture tropicale, notamment au Tchad, au Kenya, au Maroc, en Inde, en Chine et au Pérou.

Dans certains de ces lacs, le grand prédateur de la spiruline est le flamant rose nain, qui en est très friand (c’est grâce à ses pigments que cet oiseau a de belles plumes colorées). Mais le flamant est aussi un allié, car ses déjections fournissent l’azote nécessaire à la croissance de la spiruline, et ses déplacements continuels dans ces eaux peu profondes permettent l’agitation dont le micro-organisme a besoin pour se développer.

Depuis sa redécouverte dans la seconde moitié du XXème siècle, la spiruline est également cultivée dans des bassins, de manière industrielle ou artisanale.

Car sa composition très riche, notamment en protéines et en minéraux, en fait un aliment de plus en plus apprécié par tous ceux qui souhaitent rester en bonne santé. De nombreux médecins et naturopathes préconisent désormais cet « alicament », qui est aussi utilisé pour lutter contre la malnutrition dans certaines régions du monde.

Composition de ce superaliment

Comme le rappelle le nutritionniste Christopher Vasey, « la spiruline détient plus de protéines, de bêta-carotène (vitamine A), de vitamine B12, de fer et d’acide gamma-linolénique (oméga 6) que n’importe quel autre aliment ».

Avant de voir plus en détail sa composition, voici en quelques chiffres la répartition moyenne de ses nutriments :

  • Protéines : 55 à 70% (selon la récolte)
  • Glucides : 15 à 25%
  • Minéraux : 7 à 13%
  • Lipides : 4 à 7%
  • Fibres : 4 à 7%

La galette des Aztèques

La spiruline a été consommée par l’homme bien avant que les Occidentaux ne la « découvrent » au XXème siècle. Née il y a plus de trois milliards d’années, elle a probablement servi d’aliment dès la Préhistoire, et l’on sait que les Mayas et les Aztèques s’en nourrissaient.

La chronique des expéditions d’Hernan Cortez en Amérique mentionne notamment la manière dont les habitants de Tenochtitlan (Mexico) puisaient dans le lac Texcoco une sorte d’algue qu’ils nomment Tecuitlatl.

Un conquistador écrit ainsi : « avec des filets à mailles très fines, ils collectent à une certaine époque de l’année une espèce de purée qui se forme sur l’eau des lacs de Mexico ; ils l’épaississent et ce n’est ni plante ni terre, mais quelque chose comme de la boue ». Cette « boue » est moulée sous forme de galette et mise à sécher au soleil, à même le sable.

L’aliment obtenu est utilisé dans la préparation de galettes de maïs, qui sont vendues sur le marché. Les Aztèques ayant déjà remarqué les propriétés tonifiantes de la spiruline, ces galettes sont notamment consommées par les guerriers, et par les « coursiers » chargés par l’empereur Moctezuma de lui rapporter du poisson frais.

Les chevaux n’existant pas encore en Amérique (ils seront introduits lors de la conquête espagnole), et Mexico se trouvant à 300 kilomètres de la mer et à 2000 mètres d’altitude, ces athlètes se nourrissent de biscuits à la spiruline afin de pouvoir effectuer en courant le trajet reliant la côte à la capitale, et livrer ainsi à leur empereur du poisson fraîchement pêché…

Indice supplémentaire que ce Tecuitlatl est bien de la spiruline, le lac Texcoco est couvert à l’époque de flamants roses, dont on sait qu’ils raffolent de « l’algue bleue ». En revanche, les conquistadores ne l’apprécient pas du tout, aussi préfèreront-ils assécher les lacs pour faire pousser des céréales.

L’habitude de récolter le « fromage de terre », comme l’appellent aussi les Aztèques, disparaît donc avec leur brillante civilisation. Et les Européens vont oublier la spiruline pendant trois cents ans.

Le secret des Kanembous

Pour autant, « l’algue bleue » ne disparaît pas de la surface du globe. Plusieurs naturalistes la remarquent par hasard au cours du XIXème siècle, ce qui lui vaut de figurer en 1827 dans un Dictionnaire des sciences naturelles publié à Paris, et de se voir baptisée spirulina platensis, puis arthrospira platensis.

Mais cette découverte ne passionne guère le monde scientifique, et il faudra attendre les années 1930 pour que la spiruline fasse à nouveau parler d’elle. En 1931, un scientifique du nom de Rich remarque non seulement la présence de spiruline dans plusieurs lacs de la Vallée du Rif, en Afrique de l’Est, mais aussi que les flamants roses s’en nourrissent.

Puis c’est au tour de Creac’h, un pharmacien bordelais exerçant à Fort-Lamy (aujourd’hui N’Djamena) d’être intrigué en 1939 par un aliment vendu sur le marché, une sorte de galette d’algue alimentaire séchée, appelée dihé par les habitants de la région du lac Tchad, les Kanembous.

Le pharmacien en envoie un morceau à un collègue phycologue, Dangeard, qui découvre qu’il s’agit d’arthrospira platensis. Dangeard fait l’année suivante un exposé à la Société Linnéenne de Bordeaux pour expliquer que contrairement à ce que l’on pensait, la spiruline n’est pas mangée uniquement par les flamants roses, mais aussi par les humains. Une révélation qui passe un peu inaperçue en ce début de Seconde Guerre mondiale…

C’est donc seulement dans les années 50 et 60 que la spiruline va être mise en pleine lumière. En 1959, l’ethnologue Max-Yves Brandily se rend à son tour au Tchad pour y tourner un documentaire. Frappé par les bienfaits manifestes de la consommation de spiruline par les Kanembous, il publie à son retour un article dans la revue Sciences et Avenir, écrivant notamment : « depuis des lustres, une tribu primitive du Tchad exploite la nourriture de l’an 2000 ».

Après quoi c’est une expédition belge, menée par Jean Léonard, qui arrive à Fort-Lamy en 1964. Intrigués par le dihé, les scientifiques observent la manière dont les Kanembous récoltent sur les bords du lac Tchad une substance qui se révèle être de la spiruline.

Ils comprennent alors que c’est grâce à cet aliment que ce peuple est le seul de la région à ne pas souffrir de malnutrition, malgré un environnement désertique. Après avoir puisé la spiruline dans des paniers finement tressés, les femmes Kanembous la mettent à sécher sur le sable, avant d’en confectionner des galettes. Une coutume pratiquée sans doute depuis des siècles, et qui ressemble beaucoup à la manière dont les Aztèques récoltaient le Tecuitlatl.

Pendant ce temps, à Mexico…

Au moment où les scientifiques belges étudient le dihé au Tchad, l’industriel français Hubert Durand-Chastel arrive au Mexique pour prendre la tête de la Sosa Texcoco, une firme qui produit du carbonate de soude au bord du lac Texcoco.

Découvrant qu’une algue mystérieuse perturbe le procédé d’extraction en se déposant dans les tuyaux, Durand-Chastel se rend compte qu’il s’agit de spiruline, restée vivante dans ce qui subsiste encore à l’époque du lac des Aztèques (aujourd’hui asséché).

Changeant son fusil d’épaule, Durand-Chastel décidera en 1976 de cultiver cette algue « parasite », au lieu de la détruire comme il l’avait fait jusque-là, faisant ainsi de la Sosa Texcoco la pionnière de la culture de spiruline.

Il ne tardera pas à être suivi par d’autres industriels, en Californie, au Japon, et à Hawaï, car la spiruline répond parfaitement aux besoins créés à l’époque par l’essor du végétarisme dans les pays industrialisés. Après son départ du Mexique à la fin des années 70, Hubert Durand-Chastel deviendra sénateur, mais restera toute sa vie un ardent défenseur de « l’algue bleue ».

De son côté, le scientifique américain Ripley Fox se passionne lui aussi pour la spiruline, et sa richesse nutritive. Persuadé que ce micro-organisme est à même de résoudre le problème de la faim dans le monde, il met sur pied une petite structure de production en Inde, dès 1973.

A l’opposé de la culture industrielle, le but de Ripley Fox est de permettre à toutes les communautés souffrant de malnutrition de cultiver elles-mêmes leur spiruline, grâce à des procédés très simples. Une vision qui semble d’abord utopique, mais qui va peu à peu trouver des échos dans les revues scientifiques et les colloques internationaux. Les Nations Unies désignent même la spiruline comme la « meilleure source alimentaire alternative du futur » lors de la Conférence Mondiale de l’Alimentation en 1974.

L’aliment du XXIème siècle ?

Aujourd’hui, des ONG comme Antenna Technologies aident à leur tour des villages du Sud à créer leurs propres fermes de spiruline, afin de résoudre les problèmes de malnutrition sans avoir recours à l’aide internationale.

Et pour éviter que cet aliment naturel ne soit breveté par des multinationales avides de profits, Antenna Technologies et ses partenaires se sont dépêchés d’établir le séquençage du génome de la spiruline, afin de le placer dans le domaine public.

La production de « l’algue bleue » est en effet devenue un enjeu très important, car en plus de son usage humanitaire, elle s’avère un aliment très apprécié des Occidentaux soucieux de leur santé.

Au point que parallèlement à la production industrielle chinoise ou américaine, de plus en plus de fermes artisanales voient aujourd’hui le jour, particulièrement dans le sud de la France, où la spiruline est cultivée depuis maintenant 10 ans.

Outre sa richesse sur le plan nutritif, la faible consommation en eau et en énergie nécessitée par sa production constitue également une réponse intéressante aux problèmes environnementaux que connaît notre planète. Le plus ancien des organismes vivants a donc encore un bel avenir devant lui…

Pour approfondir votre connaissance de l’algue bleue, nous vous recommandons la lecture des ouvrages suivants :

  • Dr Jean Dupire, La spiruline, un superaliment, Guy Trédaniel Editeur, 2011. Ripley
  • D. Fox, Spiruline : technique, pratique et promesse, Edisud, 1999.
  • Guillaume Gérault, Ronald Mary, Je teste les plantes détox et dépolluantes, Alysse Editions, 2010.
  • Géraldine Legrain-Laval et Benoît Legrain, La spiruline, une algue bienfaisante, Anagrammes Editions, 2010.
  • Joëlle Le Guéhennec, La spiruline, Editions Terre d’Hommes, 2009.
  • Michka, avec la collaboration de Jacques Falquet, La spiruline pour l’homme et la planète, Georg Editeur, 2005.
  • Gilles P., Rosario F., association Les Idées Bleues, La spiruline pour tous, Pilgrims Publishing, 2009.
  • Belda Sisso, La spiruline, saveurs et vertus, Editions Grancher, 2003.
  • Christopher Vasey, Les compléments alimentaires naturels, Editions Jouvence, 2003.
  • Dr Jean-Louis Vidalo, Spiruline, l’algue bleue de santé et de prévention, Editions du Dauphin, 2008.

Pour les gourmands

En plus des recettes de spiruline disponibles dans certains des livres précédents, vous en trouverez également dans ceux-ci :

  • Valérie Cupillard, Bio, bon, gourmand, Prat Editions, 2008.
  • Carole Dougoud, Géraldine Legrain-Laval et Benoît Legrain, Algues, vertus et bienfaits, Anagrammes Editions, 2010.
  • Nathaly Nicolas-Ianniello, La spiruline, dix façons de la préparer, Les Editions de L’Epure, 2009.
  • Le documentaire Les ailes pourpres : le mystère des flamants, de Matthew Aeberhard et Leander Ward (Disney Distribution) permet par ailleurs de découvrir la manière dont les flamants roses se nourrissent de la spiruline présente dans le lac Natron, en Tanzanie.

Usages de la spiruline

La spiruline se consomme en cure de trois semaines ou tout au long de l’année, selon vos besoins. La dose conseillée est de 1 à 2 cuillères à café de paillettes par jour, de préférence le matin ou à midi. Compte tenu de son effet tonifiant, il est déconseillé d’en consommer le soir, mais chacun est libre de l’adapter à ses besoins et à son propre ressenti.

NB : quand on commence à prendre de la spiruline, son pouvoir détoxifiant peut provoquer certaines réactions (lien avec la page Précautions) tout à fait naturelles. On conseille donc de ne consommer les premiers jours qu’une demi-cuillère à café, pour passer progressivement à une, puis deux cuillères.

Selon vos goûts, vous pouvez la croquer ou l’intégrer à un yaourt, une compote, un muesli, une salade de fruits, une crème Budwig, etc…

Si vous n’appréciez pas le goût de la spiruline, vous pouvez simplement l’avaler comme un comprimé, sans la croquer, avec de l’eau, un jus de fruits, un lait de soja ou de riz (mieux vaut éviter les boissons très chaudes).

Certains naturopathes déconseillent d’associer thé et spiruline. En effet, la théine empêcherait de fixer le fer de tout aliment consommé dans le même bol alimentaire. D’autres estiment cependant que d’ajouter quelques gouttes de jus de citron dans le thé permet de résoudre ce problème. On peut quoi qu’il en soit prendre de la spiruline 30 minutes avant ou après la consommation de thé.

Afin de favoriser la fixation du fer, on peut associer la spiruline à de la vitamine C (en la consommant avec un jus de fruits ou de légumes, frais de préférence, de l’acérola, de l’argousier, etc…).

Dans la journée, vous pouvez aussi intégrer la spiruline à vos plats et vos salades (sans jamais la faire chauffer, car elle perdrait ses vertus). Même si on l’utilise comme un complément alimentaire, « l’algue bleu-vert » est avant tout un aliment, elle trouve donc naturellement sa place dans de nombreuses recettes.

Dans le cas d’une cure d’amincissement, on peut en prendre une demi-heure avant le repas, ce qui permet de combler déjà une partie des besoins du corps en nutriments, et donc de manger juste ce qu’il faut à table, le sentiment de satiété arrivant plus vite.

Si vous avez la possibilité d’en acheter directement à la ferme, la spiruline peut aussi se consommer fraîche. Elle forme alors une pâte au goût légèrement salé, qu’on peut tartiner sur du pain, mélanger à une sauce de salades, ou intégrer à une tapenade d’olives…

Important :
la spiruline se conserve à l’abri de la lumière, de la chaleur et de l’humidité. Elle est vendue dans un sachet hermétique refermable, qui permet un bon stockage. Elle ne doit jamais être cuite.

Pour aller plus loin :